L’énigme Québec

12 Nov. / 2024

Comment interpréter ce résultat sans tomber dans la facilité?

Le Québec n’est pas seulement la province qui évalue le plus favorablement son Indice d’Humanité (66,0), c’est également celle qui affiche le plus faible écart entre l’indice individuel et l’indice collectif (13,7 points). En d’autres mots, c’est la province qui se montre la plus satisfaite de son humanité, si l’on peut parler de satisfaction avec une telle note.

Écart entre l’Indice d’humanité individuel et collectif par province

Comment interpréter ces données, d’autant que l’ensemble des Canadiens, incluant les Québécois, se situe sur un même pied lorsqu’ils évaluent leur propre niveau d’humanité, l’indice individuel (+ ou – 76,3) ?

Trois façons d’interpréter ce résultat

On peut facilement se perdre en conjectures. Les interprétations des uns pourraient facilement ne pas concorder avec celles des autres. Le but de cet article n’est ni de glorifier ni de rabaisser qui que ce soit, mais simplement d’ouvrir une discussion.

À la lecture de ces données, de multiples questions surgissent rapidement dont la toute première. La société québécoise est-elle effectivement plus humaniste, avec ses différents programmes sociaux et sa proverbiale joie de vivre ou s’agit-il là d’un réflexe culturel, identitaire et défensif poussant les Québécois à se percevoir meilleurs qu’ils le sont en réalité ?

Des chialeux sympathiques

Ou alors, les Québécois sont-ils, dans le fond, plus satisfaits de leur société que ne le laisse paraître leur propension à critiquer sans cesse à propos de tout et de rien? Une façon de montrer des dents, mais qui ne fait peur à personne. Rappelons que selon eux (réf : Indice relatif de bonheur), leur principal défaut et de loin, c’est qu’ils sont « chialeux » alors que leur plus grande qualité, c’est d’être chaleureux. Des chialeux sympathiques finalement. Des petits chiens qui jappent, mais qui ne mordent pas. Alors, le bruit de leurs complaintes serait-il une façon de se bomber le torse? Pourrait-il être plus fort, ce bruit, que ce qu’ils pensent vraiment, camouflant ainsi une certaine satisfaction que l’on ne veut pas trop afficher, histoire de d’afficher ses muscles?

Cette notion pourrait-elle expliquer, au moins en partie, les résultats de l’Indice d’Humanité?

Le code Québec

Peut-être faut-il aussi chercher la réponse dans le penchant consensuel des Québécois, cette tendance à éviter la dissonance et l’inconfort entre ce qu’ils pensent être et ce qu’ils sont réellement, l’une des sept caractéristiques qui définissent les Québécois, comme l’a identifié Jean-Marc Léger dans son livre Code Québec. Ce côté consensuel est peut-être ce qui pousse les Québécois à évaluer plus positivement que tous les autres Canadiens chacune des 14 dimensions de l’Indice d’Humanité et, par conséquent, à enregistrer le score le plus élevé au pays.

En fin de compte, l’énigme québécoise puise probablement sa source dans ces trois grands traits qui définissent leur personnalité. Mais, même si l’on cherche à l’expliquer davantage, il faut se rappeler que leur perception demeurera toujours leur réalité.